samedi 30 août 2008

Le Petit Pont n'était pas en bois

C'est idiot de sourire toute seul quand vous êtes dans un train. Surtout dans un train rempli à ras bord.
Sourire parce que vous vous rappelez un bête moment. Un bref épisode. Un petit rien.

"Maison-Alfort - Alfortville". Station de RER. Station glauque à souhait.
Station où il faut bien descendre pour aller passer ce bac d'arts plastiques.
Première vraie épreuve de bac. on stresse un peu. Pas trop. "L'art pla, c'est qu'une option !".
Et puis faut dire, on est un peu avantagés, en Arts Appliqués.
Bref, on s'en fait pas trop. Mais on sait tous sans se le dire que chacun a travaillé jusqu'à pas d'heure sur la présentation du dossier. Et que personne n'a vraiment été concentré sur le sujet de l'exam de fin de trimestre. Exam qu'on a d'ailleurs quitté en avance.

On est en petit groupe. Six. Un minuscule troupeau laissé sur le quai de la gare. Premières impressions.
"C'est moche !"
"Ouah, on voit même pas la tour Eiffel ! C'est la campagne !"
On rigole. On fait des commentaires sur le vert immonde de l'herbe. A se demander si c'est vraiment de l'herbe.
Et puis il faut trouver le bus. Après 3 allers-retours entre les deux arrêts, 26 consultages d'itinéraire, 6 démonstrations que l'arrêt, c'est bien celui-ci,...ou peut-être pas, on finit pas recourir à la solution la plus simple.

"Monsieur le chauffeur, ce véhicule dessert-il l'arrêt dénommé 'Goujons' ?"
Regard bizarre. "Euh...oui."
"Ouais ! Les gens, embarquez, Nous partons pour 'Goujons' !"

On embarque donc. On se marre entre deux réflexions sur les mœurs campagnardes. On joue au jeu du "Devine le nom de la prochaine station".
On subit une ruelle désillusion en arrivant à la "Place du petit Pont", qui n'est pas une place boisée pleine de verdure, de fleurs, de petits oiseaux pépiant, bercés par le bruissement léger de l'eau qui coule en dessous d'un petit pont en bois décoré de géranium. Non. c'est juste un croisement de deux rues, entourées de HLM glauques dont le revêtement part en petits bouts.
Pas de fleurs. Pas de piafs. Pas d'eau.
On ne se fiera plus jamais aux noms.

Et puis on arrive chez les Goujons. C'est toujours aussi moche.
On voit le lycée. Énorme. Et moche.
Mélange malheureux de style d'architecture. Alors forcément, on commente.

Et on se rend compte qu'être en groupe, c'est quand même pas mal. Surtout quand vous devez passer parmi un troupeau de wesh-wesh qui vous assomment de regards hostiles à tour de bras.
Sur le coup, on retient les remarques.

Bref. Le lycée. Énorme. Et moche. Ressemble à un asile. Des kilomètres et kilomètres de couloirs. Jaunes. Roses. Bleus. Verts. Beurk.
On s'y perd presque.
Mais on trouve. Des chaises. Youpi. Des toilettes. Encore mieux.
Dernières mises au point. On sort les PC. On regarde les mini-films qu'on va présenter.
Recollage des travaux qui se décollent.

Sur le coup, on se sent un peu chez soi. A cause d'un tag trouvé sur un tuyau. Signature attitrée d'un terminale de l'an dernier. Sans gêne, certes, mais ça fait du bien de voir un "Keus" familier.
Et puis, c'est parti. Chacun passe. Chacun son tour. Et ça examine les examinateurs.

Au final, on a décidé de tous s'attendre, au lieu de repartir chacun de son côté. Parce que bon. Voilà. On ne peut pas dire qu"Alfortville soit un coin fort sympathique.
Donc, on s'attend. On se connecte au Wifi du lycée. On s'affale par terre pour regarder un film. Un vrai, cette fois-ci.
Je pense que le directeur a eu peur de ne plus pouvoir se débarrasser de nous.

Dès que tout le monde est passé, on repart. On court. Pour avoir le bus. Pour attraper le RER.
On quitte la fantastique bourgade.
Alfortville est moche. Mais Alfortville nous a fait bien rire.

Et je crois qu'elle nous fait encore rire.
Et je crois aussi que le monsieur qui est en face de moi est persuadé que je suis une folle. Qui rit toute seule.

Est ce de ma faute si on vient de passer "Maison-Alfort - Alfortville" ?

Aucun commentaire: