dimanche 24 août 2008

La Vaisselle-joyeuse

Qui l'eut cru, n'est ce pas, que c'est aussi drôle de faire la vaisselle d'une vingtaine de personnes. On a une sorte d'impulsion.
Comme ça.
On se dit qu'on va la faire, cette vaisselle dont personne ne veut s'occuper.

On rameute des gens. On les convainc. On fait appel un peu lourdement à ce fabuleux sentiment de culpabilité.

"Ouais, t'es vraiment entrain de me dire que pendant que je vais m'embêter à nettoyer tes cochonneries, tu vas tranquillement aller regarder un film sur mon ordi ?... 'fin bon, c'est comme tu veux."

Alors voilà, on s'y retrouve, dans cette cuisine. Un peu vétuste, mais tant pis. On n'est pas ici pour refaire la déco. Ni pour la critiquer.
On cherche le tablier. On le trouve, derrière une étagère.
Un bout de toile cirée. Retenu par de la ficelle.
C'est beau.
C'est rustique.
C'est le système D.

On le met. On se marre. Beaucoup.
On prend des pauses.
C'est incroyablement sexy, une toile cirée. Faut pas croire.

Et puis on trouve le savon. Et là, tout le monde retombe en enfance. Il en faut peu pour amuser les gosses.
Des bulles suffisent à les occuper pendant 15 minutes. On se demande bien pourquoi faire des jouets électroniques.

Mais la cuisinière veille, tel un loup qui se pourlèche les babines. Enfin elle, elle ne se pourlèche pas les babines. Ce serait un peu ridicule.
Elle veut juste que la vaisselle soit faite.
Alors on commence. On s'y met, bravement.
Et vlan les assiettes. Les couverts. Les verres.

On travaille vite. A croire qu'il y ai une sorte de défi. Les essuyeurs se sont ligués contre la laveuse pour la faire culpabiliser quand l'égouttoir est vide.

"Elle est lente, vous comprenez". "Ouais, tout est relatif", rétorque t'elle, faussement vexée. Ils sont trois, elle est toute seule.
Alors on rigole. Toujours. On jette aux orties ces vilains défis.

Pour les ressortir quelques instants plus tard. Quand le niveau de vaiselle propre atteint un niveau dangereusement bas.

On s'éclabousse. On entonne "Santiano", histoire de se mettre dans l'ambiance.
C'est vrai, quoi ! Quitte à être mouillés, autant se croire sur un "trois mât fin comme un oiseau". Peut-être que les trois mâts, aussi, ont des cuisines minuscules, mal éclairées, et avec des robinets qui éclaboussent.

Toujours sous la "douche", on continue de chanter. On est partis, on continu. On se chante le répertoire d'Edith Piaf et de Brassens. On entonne les chansons traditionnelles. Faut dire, l'équipe des essuyeurs à l'honneur de compter parmi ses membres des ancêtres.
Alors ils les connaissent, eux, les vieilles chansons.
Et on se marre toujours autant. Ça attire les curieux.
Ceux qui ne voulaient pas faire la vaisselle.
A croire qu'on s'amuse plus à la cuisine que dans la salle commune.

Mais toutes les bonnes choses ont une fin. On lave les deux derniers ramequins. On s'éclabousse pour la postérité. On vide l'évier.
Et surtout, surtout, on fait un tour d'honneur avec le fabuleux tablier.

On se dit qu'un concours "Miss Vaisselle" et ses dauphines "Torchons", ce serait rudement marrant.
Bien plus que de voir des pintades se dandiner sur des escarpins.
Quelqu'un devrait vraiment faire ça.

Et puis on raccroche le tablier. Un peu à contrecœur.
Mais une sortir se prépare, et faudrait vraiment pas louper ça.

La vaisselle-joyeuse du premier soir, eh bien, elle a convaincu.
Les jours suivants, tout le monde a voulu la faire.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

ça doit être vachement sympa les soirées chez toi!!

Grid a dit…

Héhéhé, ouais ! :D La plupart du temps, on se marre bien.